Huitième film du duo Toledano-Nakache, Une année difficile intrigue forcément : va-t-il susciter l’engouement d’Intouchables ? Si le succès à venir d’un film est difficilement prévisible, nul doute que ce dernier a plu au Club 300 AlloCiné dont je fais partie et qui a eu la chance de le voir très en avant-première.
Le pitch ?
Albert et Bruno sont surendettés, c’est dans le chemin associatif qu’ils croisent de jeunes militants écologistes. Plus attirés par la bière et les chips gratuites que par leurs arguments, ils vont peu à peu intégrer le mouvement même sans conviction…
Une vision empirique et réaliste de la société
Le point de départ du film ? L’après Covid.
(…) Nous voulions, aussi, nous poser des questions plus larges, en nous intéressant à tous les discours de ce fameux « monde d’après ». Quel était ce nouveau monde qui était censé arriver ? Ce monde qui, d’après certains, ne serait plus du tout le même que le nôtre. (Eric Toledano)
L’écologie, la (dite) fin du monde, en tous cas d’un monde mais aussi la précarité, ce sont ces thèmes que Toledano-Nakache abordent. Mais en les traitant à travers deux hommes en plein désarroi, c’est précisément cette humanité et cette incarnation qui nous touche.
Albert (Pio Marmai) travaille sur le tarmac de Roissy Charles de Gaulle… et dort dans ses murs. Bruno (Jonathan Cohen) vient de de séparer, ne peut plus payer ses factures et ne voit plus son jeune fils. Ce sont ces deux solitudes, ces deux précarités qui vont se retrouver dans l’associatif.
Une tragi comédie à la sauce Toledano Nakache
Si les réalisateurs nous ont prouvé qu’ils pouvaient (nous faire) rire de tout et même de sujets sensibles avec Intouchables ou encore Samba, ils nous le démontrent une fois encore avec Une année difficile. D’énormes fous rires surviennent sur des scènes telles que la coupe improbable de Pio Marmai lorsqu’il supplie sa soeur de « lui donner un coup de peigne », mini vague/décollement de racines des 80s oblige.
Le seul bémol, c’est cette facilité scénaristique qui consiste à faire du personnage de Mathieu Amalric un accro aux jeux d’argent et interdit de casino alors qu’il est à la tête d’une association d’aides aux surendettés. L’arroseur arrosé, oui, bon… Ça n’apporte pas grand chose à l’histoire très sincèrement.
Une lutte des classes passée sous silence
La question a été posée au duo de réalisateurs et leur réponse a été sans appel : ils trouvaient ça peu utile et même redondant de souligner les différences sociales entre les personnages incarnés par Pio Marmaï et Noémie Merlant. En résumé, l’un vit à Roissy, l’autre dans un grand appartement du 17è arrondissement, certes épuré.
Il en va de même pour l’amour que voue un personnage comme celui de Grégoire Leprince-Ringuet, apparemment d’un milieu bourgeois et plus ou moins secrètement amoureux de Noémie Merlant. Ce que souhaitent mettent avant Nakache-Toledano ici c’est aussi la misère affective et le moyen que représentent ces associations pour nouer du lien, et pourquoi pas, trouver l’amour.
Vous l’aurez compris, Une année difficile, c’est un film réussi, tant sur le fond que sur la forme, qui apporte beaucoup de joie bien qu’il aborde des sujets sensibles. Je recommande aisément.