Pour son 4ème film, Thierry Klifa se réinvente en s’essayant à un genre qu’il n’a jamais exploré jusqu’alors : le film noir.
Pour l’écriture du scénario, il a collaboré avec un maître du genre, Cédric Anger, remarqué pour Je viserai le cœur. Thierry Klifa évoque cette collaboration : Je savais intuitivement qu’il pouvait m’emmener sur des territoires que j’avais envie d’explorer, plus âpres et plus noirs, mais dont je n’avais pas forcément la clé ; une certaine forme de violence aussi qui m’a toujours fasciné. Même si nous ne faisons pas les mêmes films, lui et moi partageons la même conception du cinéma ».
Tout nous sépare, son intrigue bien ficelée
Le film est construit autour de deux personnages principaux, Rodolph (Nicolas Duvauchelle) et Julia (Diane Kruger), deux êtres appartenant à des mondes radicalement opposés. L’un campe un malfrat des cités autour de Sète, l’une est issue d’une grande famille du coin ayant fait fortune. Rodolph étant enlisé dans des problèmes liés à du trafic de drogue, il voit en Julia la solution à ses dettes. Evidemment, rien ne va se passer comme prévu et les rebondissements vont s’enchaîner, ce qui confère au film toute sa saveur. Malgré quelques longueurs, le film nous embarque dans un rythme soutenu, grâce à des plans coup de poing et une rage disséminée tout au long de l’intrigue.
Tout au long du film, on sent la tension entre les différents personnages mais aussi les liens tacites qui les unissent peu à peu. Si les personnages de Louise et Julia (Catherine Deneuve et Diane Kruger) incarnent un duo mère-filles tout à fait convaincant et fusionnel, elles laissent peu à peu entrer le personnage de Ben (Nekfeu) dans leur vie. On ne peut être plus sensibilisé à la relation qui se noue peu à peu entre Ben et Louise, sentiment qui s’apparente au syndrome de Stockholm. Louise semble vouer un amour presque maternel à Ben, quitte à se mettre en danger pour le protéger et bien sûr, protéger sa fille Julia.
Tout nous sépare, ses interprétations convaincantes
Certes, Nekfeu n’avait jamais joué et c’était là son premier rôle. Si son interprétation n’est pas parfaite, il demeure toutefois convaincant dans le rôle de Ben. Quant à Diane Kruger, elle est saisissante de vérité dans ce personnage de femme fragilisée par un accident, meurtrie dans sa chair et totalement addicte aux médicaments. C’est parce qu’elle est si faible que sa mère, Louise alias Catherine Deneuve, la prend totalement en charge, incarnant à la perfection cette mère au sens le plus pur du terme.
Enfin, Nicolas Duvauchelle est tout aussi crédible dans le rôle de l’homme qui tient à sa fierté, et peut facilement laisser cours à ses pulsions, souvent violentes. Enfin, Olivier Loustau qui incarne le personnage du méchant, remplit parfaitement son rôle, menaçant et véhément.
