Il s’agit du troisième long métrage des frères Boukherma, Zoran&Ludovic de leur prénom : une comédie mi feel good mi horrifique qualifiée de « cinéma de genre ». Un film qui ne ressemble qu’à lui , à mi chemin entre Ma Loute et bien-sûr, Les Dents de la Mer.
L’année du requin et sa galerie de personnages
Leur précédent film, Teddy, avec Anthony Bajon, avait été unanimement salué par la critique et son public. Fort à parier que ce dernier opus ne dérogera pas à la règle.
L’année du requin est certes l’histoire d’un banc de requins tueurs sur la côte landaise. Mais c’est bien plus que ça : on y donne à voir une galerie de personnages truculents, tous dans le vrai (les figurants et seconds rôles ayant été castés sur place, ce qui donne cette impression tout à fait singulière que certains jouent mal, soyons francs).
Parmi les protagonistes : Maja (Marina Foïs), gendarme maritime proche de la retraite au nom aux allures de porte drapeau ; son mari dévoué, ex gendarme et déjà à la retraite Thierry (Kad Merad), Blaise (le truculent Jean-Pascal Zadi) et l’ingénue Eugénie (Christine Gautier), tous deux collègues de Maja.
L’année du requin, un film iconoclaste
Ce qu’on aime particulièrement dans le ton donné à ce film c’est son côté décalé. En vérité, aucun film ne ressemble à celui-ci, emprunte-t-il ses codes aux films d’horreur et bien sûr, aux Dents de la Mer. Le qualifier de parodie est très réducteur.
En realité, les frères Boukherma ont fait un film qui se déroule dans les Landes avec toute la singularité de ses autochtones. Evidemment, ça prête à rire. C’est justement ce qui est si bon. Ces Landes, ils en viennent et ils sont fiers de nous les montrer. Entre les animateurs radio Bruno et Bruno, l’oisiveté des gendarmes maritimes qui n’ont pas grand chose à faire de leurs journées avant les attaques des requins, et tant d’autres détails : ce sont ces gens-là qu’on nous donne à voir, à la manière d’un Dumont dans la Baie de la Slack ou d’un Desplechin à Roubaix.
L’année du requin, un film avec du fond
Voir ce film, c’est ne pas pouvoir s’empêcher de dresser un parallèle avec le Covid. Cette épidémie qui nous tombe dessus et qui change brutalement la vie des gens. Les requins, même combat : du jour au lendemain, les plages sont fermées pour le plus grand malheur des gens du coin ou des touristes , in fine des commerçants.
Au-delà du contexte, ce sont les personnages qui ont du fond : Maja est désignée comme l’héroïne puis la coupable car elle n’a pas réussi à éradiquer ce fléau à dents acérées du premier coup. Plus profond qu’il n’y paraît, ce film est une réflexion sur la cruauté des hommes, le besoin d’avoir des coupables incarnés, le besoin de reconnaissance, aussi. En chassant ces requins à corps perdu, Maja cherche-t-elle sa propre gloire ou la sécurité du bassin ? Comme souvent dans la vie, l’Homme n’est ni tout à fait noir, ni tout à fait blanc, requin ou non.
Sortie le 3/8, tous à l’eau !
Ce film a été vu lors de la projection privée du Club 300 Allociné et il en a obtenu le Label.