A la vie, à nos vies.

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Pour son premier film d’une richesse folle, Aude Pépin nous livre un documentaire sur une sage femme émérite, Chantal Birman. Estimant qu’elle ne pouvait plus pratiquer son métier dans de bonnes conditions à l’hôpital public, elle a préféré finir sa carrière en tant que libérale : on suit alors la sage femme dans ses visites à domicile. Courageuse, elle parcourt des kilomètres et grimpe des étages sans ascenceurs encombrée de sa grosse valise de soins.

A la vie, à nos combats

A travers des dialogues entre Chantal et de jeunes sages femmes, on évoque le manque de moyens à l’hôpital, toutes ces femmes qu’on n’a pas pu correctement accompagner malgré ce qu’elles imaginent. A ce propos, Chantal évoque les futures mères qu’elles a subrepticement convaincues de procéder à une péridurale alors qu’elles avaient la force d’affronter un « accouchement physiologique ».

Femme forte, c’est pour l’avortement que s’est battue Chantal, elle accepte un premier stage au coeur de celles qu’on nomme « les infectées ». Ces femmes entre la vie et la mort, à la suite d’un avortement.

Entre la vie et la mort, les femmes choisissent toujours la liberté. (Chantal Birman)

L’anecdote glaçante selon laquelle la sage-femme subit elle-même un avortement entre deux accouchements, alors qu’elle a des contractions simultanément à ses patientes est saisissante. Cela en dit long sur les combats de cette femme incroyable.

A la vie, à nos soutiens

Outre ses grands combats, la sororité résonne fort dans la vie de Chantal. Il y a toutes ces jeunes mères qu’elle accompagne, dans leurs premiers gestes, dans leurs premiers pas de mère car évidement « on ne (le) naît pas, on le devient ». Et c’est dans les pas d’une Simone de Beauvoir que s’inscrit Chantal Birman.

Elle ne fait pas que donner des conseils pour bien s’occuper de ces nouveaux-nés, elle tente de comprendre ses femmes, les aide à dépasser leurs blocages, agit comme une psychologue.

Aude Pépin nous livre un film qui ne transige pas avec la réalité sans pour autant tomber dans le voyeurisme. Empreint d’une grande délicatesse et d’une infinie pudeur, elle répond à une injonction qui peut sembler de prime abord paradoxale : donner à voir sans tout montrer.

Sortie le 20 octobre.

 

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