Après Rock’N’Roll, Guillaume Canet continue d’explorer les contours fantasmés d’une vie qu’on imaginerait sienne, alors même qu’il se pose en protagoniste de son dernier film. 

Lui et lui

Ce film met en scène un compositeur mal avec lui-même, mal avec sa femme, mal avec sa maîtresse. Exilé à Belle-Ile-en-Mer dans une maison à la fois reposante et inquiétante, « il » est assailli de toutes parts. D’abord par sa maîtresse, interprétée par Laetitia Casta, puis par sa femme, Virginie Efira avec lequel, le temps de scènes fantasmées, il formera un trouple en pleine rupture. Ni avec l’une, non plus avec l’autre, ce protagoniste n’est plus que l’ombre de lui-même. Lui-même étant un autre.  

Cet autre, dont on croit un temps qu’il est vraiment un autre que lui, ce voisin inquiétant. Puis force on constate l’abandon de cette piste insidieuse. Comme un accident de parcours, comme un accident dans un scénario écrit en quelques semaines seulement. Une scorie.

Lui et tous ceux avant Lui

Ce qu’interroge Guillaume Canet, c’est lui. Son personnage. Sa personne ? Il met en scène les affres égoïstes d’un compositeur mais on peut y rester extérieur, presque opaque. Peu sympathique, il n’inspire que peu d’empathie. 

Les autres personnages sont à son service : Nathalie Baye et Patrick Chesnais n’y font qu’une petite apparition. Gilles Cohen est très juste, à sa place, dans ce rôle de médecin au service de « lui », dans toute sa dualité. Mathieu Kassovitz semble avoir lâché les élastiques, pour notre plus grand bonheur.

Le sujet de l’autre, de notre part sombre est éculé. Docteur Jekyll et Mister Hyde, Ennemy de Denis Villeneuve, Chambre 212 de Christophe Honoré : Lui n’apporte foncièrement pas grand-chose face à ces œuvres. 

Subsistent des dialogues très bien ficelés, des scènes très bien jouées. Une belle photographie. Non, tout n’est pas manichéen. Il n’y pas que le bon et le mauvais, les deux cohabitent souvent, tout le temps, partout.