Nous l’attendions tous depuis des mois, probablement en raison de l’agitation médiatique autour de ce dernier opus signé Baz Lurhmann. C’est parce que l’attente a été forte que la déception fut d’autant plus importante. Déception, oui mais pas seulement; ennui, agacement et même rire(s), niaiserie oblige.
L’auteur de Roméo+Juliet, Australia ou encore Moulin Rouge entend bien nous transporter comme à son accoutumée dans un univers qu’il aura tout entièrement pensé, au gré de ses (sa) fantaisies. Or, à la différence de son adaptation de l’oeuvre shakespearienne, le réalisateur n’a fait preuve d’aucune créativité pour celle de Fitzgerald. A maintes reprises on s’imagine dans le générique d’Amour, gloire et beauté. Par ailleurs, les séquences sont d’une longueur infinie; les mouvements de caméra, invariablement les mêmes, tous nauséeux.
L’intrigue reste bien sûr intéressante en soi, Fitzgerald oblige, on déplore juste que Baz Luhrmann l’ait étirée à l’envi. Ses personnages sont devenus de vraies caricatures, on le soupçonne alors de prendre le spectateur pour ce qu’il n’est pas, un idiot. En revanche, le mystère demeure entier sur cette fameuse lumière verte que l’insoluble Gatsby toise du haut de son manoir, sauf incompréhension de ma part, l’explication reste en suspens.
Si la mise en scène est définitivement tapageuse, les acteurs n’en demeurent pas moins talentueux dans leur jeu, même si ce dernier va de pair avec la direction du réalisateur: sans véritable pudeur. Carey Mulligan incarne une épouse malheureuse, mariée par dépit et aspirant à une vie meilleure avec celui qu’elle avait auparavant choisi, Gastby. Celui-ci, incarné par Leonardo Di Caprio, cela n’a échappé à personne, incarne un imposteur tantôt fourbe tantôt attachant, en somme insaisissable. Le personnage le plus intéressant reste sans doute celui de Tobey Maguire, en petit boursicoteur de Wall Street, rêvant d’un Gatsby qu’il magnifie et fantasme. Le point qu’il aurait été intéressant de creuser, Baz Luhrmann ne s’est contenté que de l’évoquer très légèrement : Maguire amoureux de Gatsby mais à la fois de sa cousine, incarnée par Carey Mulligan ? On ne le saura jamais car si le film met un point d’honneur à souligner des poncifs téléphonés, il ne tente rien d’avant garde. Certes, c’est une adaptation…mais elle n’est clairement pas à la hauteur ou prend son oeuvre de trop haut.