Par une soirée au coeur de l’été, j’ai revu Vanille, que j’avais écoutée il y a bien des années sur la scène de la Dame de Canton.
L’occasion de parler de la sortie de son album, Amazona, de ses inspirations, de son prénom et bien sûr de musique. Le tout à Montmartre, autour d’une délicieuse citronnade.
Lucie : Désolée de commencer par cela, mais ton prénom Vanille, peux-tu m’en parler ?
Vanille : Je crois que c’est ma mère qui l’a choisi, et quand mon père est allé me déclarer, la dame de la mairie a refusé de mettre ce prénom en premier et on a inscrit celui d’Elisa à la place, ce qui m’a posé problème par la suite ne serait-ce que pour prendre des billets d’avion, car personne ne m’appelait ainsi. J’ai dû ensuite faire des tas de dossiers pour prouver que mon prénom était bien Vanille, et non Elisa, complètement inutilisé.
Lucie : Ce doit en être en effet très étrange de prouver que son prénom est bel et bien son prénom…
Et au delà de ton environnement familial (son père étant Julien Clerc), comment en es-tu arrivée à la musique ?
Moi j’ai commencé la musique seule, assez tard, plutôt vers 21 ans. C’était avant tout un plaisir personnel. J’ai appris de manière autodidacte sur YouTube, je refaisais les musiques que j’aimais, les Beatles, Carla Bruni. Plus tard, je me suis mise à l’écriture : d’abord des musiques et les textes ont suivi. C’est ainsi que j’ai voulu me lancer, j’ai joué dans multitude de petits bars.
Ma vérité et mon épanouissement je l’ai véritablement trouvé quand j’ai commencé à écrire, et lorsque j’ai eu suffisamment de chansons pour signer avec un éditeur, j’ai pu me consacrer pleinement à cela. J’ai mis au moins 5 ans pour savoir comment habiller ses chansons, trouver un style musical mais aussi pour poser ma voix. J’ai également procédé seule aux démo : à partir des guitares/voix tu peux en faire quelque chose de rock, de reggae, bossa nova. C’est tout et rien : tu as certes les harmonies, les accords, les paroles mais ensuite comment servir ces chansons au public ? Ça a été un long chemin de chercher un style métisse qui me corresponde parfaitement bien, ne serait-ce que physiquement.
Et soudain, on se trouve à la bonne place musicalement et cet album, je l’aime car il fait vraiment partie de moi musicalement. Pour moi, c’est déjà une fierté et une réussite. Il m’emmènera où il m’emmènera et bien sûr, on croise les doigts pour que ce soit le plus loin possible : pour l’instant, j’ai un bon accueil et j’en suis ravie.
Ce qui est chouette, c’est que tu arrives avec des chansons légères en termes de tonalités (bossa nova etc.) mais dont les paroles ont un fond extrêmement puissant : on parle d’absence, de rupture, d’évasion aussi. En l’écoutant d’une traite, on suit ce thème très homogène, contrairement à des albums qui traitent de sujets très différents.
Il y a en effet une mélancolie, j’y parle de la vie, des relations humaines et bien sûr amoureuses, de rupture. Ma trame, c’est d’écrire, autant que possible, des textes personnels et profonds, parce qu’au final on ressent à peu près tous les mêmes émotions quand on traverse l’existence. J’espère toujours qu’il y a des gens qui vont se retrouver dans mes paroles et j’essaye toujours d’enrober cela de musiques plutôt rythmées ou légères pour créer ce contraste qui est à l’image de la vie : elle n’est ni toute sombre, ni parfaitement lumineuse. C’est toujours ce mélange à partir duquel on tente d’atteindre le bonheur même si ce n’est pas facile chaque jour et pour personne, et peu importe le milieu d’où l’on vient : tout le monde aura son lot de tristesses.
Dans certaines chansons, même si tu évoques la rupture, tu livres des paroles extrêmement positives et détachées.
Oui l’ensemble reste lumineux !
Amazona, Emma, Suivre le soleil, ce sont autant de chansons dans lesquelles tu parles d’évasion, est-ce un désir d’ailleurs pour mieux te retrouver ? Est-ce que cette démarche de partir au Brésil pour enregistrer cet album participe de ce mouvement ?
En effet il y a une cette notion d’évasion dans le sens de se sentir libre : Amazona, c’est cette femme qui se sent un peu l’étroit dans sa vie, comme enfermée et qui reprend la liberté en partant loin. Cette notion d’évasion, elle peut aussi se manifester seul(e) dans sa chambre en lisant un livre pour se retrouver, ce qui est une manière je dirais, plus efficace pour aller vraiment au fond de soi alors que si on va en Inde ou au Brésil, on est davantage en train de déjouer les attrapes touristes. (rires)
Tout participe à ce mouvement de s’évader pour mieux se retrouver et je dis souvent que la lecture, par exemple, nous emmène ailleurs : on découvre des choses auxquelles on n’avait pas pensé et notre imaginaire est alors stimulé. Pour autant, grâce à cet ailleurs, on se découvre soi-même.
Je pense en effet que tu peux avoir le même sentiment grâce au cinéma, si tant est que le sujet te touche. Parfois, tu l’ignorais et le film te met face à une réalité que tu avais enfouie.
Et pour finir, Vanille, quelles sont tes prochaines dates ? J’ai vu que tu avais passé un bel été en festival (au pluriel)…
Oui, j’ai passé pas mal de temps sur scène et c’est vraiment ce qui me nourrit : de plus c’est galvanisant d’avoir un retour immédiat du public. C’est la raison principale pour laquelle on écrit des chansons, même si c’est aussi et bien sûr pour enregistrer un album. En live, c’est là que la magie opère.
Site officiel : http://vanillemusic.fr/
Prochain concert parisien le 13 novembre à 20h au Hasard Ludique (128 avenue de St Ouen Paris 18e)