Dans ce dernier film, Olivier Assayas s’essaye à un nouveau genre : en mêlant des réflexions telles des débats sur un fond de cinéma, il renouvelle l’essai, au sens littéraire du terme.
Doubles vies : des liens entrelacés
Alain, incarné par Guillaume Canet, est un éditeur connu et reconnu. Alors qu’il avait jusque là publié les romans de son ami Léonard (Vincent Macaigne le débonnaire), il refuse son dernier roman. Tout leur entourage commun ou presque ne comprend pas cette décision, à commencer par Selena (Juliette Binoche), la femme d’Alain. Très rapidement, on comprend que les liens entre chaque personnage sont plus compliqués qu’il n’y paraît et tout cela forme de formidables entrelacs.
Doubles vies : des débats à n’en plus finir
Si tout l’aspect autour des relations entre les personnages est fort intéressant, d’autant que chaque acteur incarne parfaitement son rôle (mention spéciale pour Nora Hamzawi qui fait ses premiers pas au cinéma), on regrette les débats récurrents qui ponctuent tout le film. A travers des réflexions sur l’état du livre à l’ère du numérique, on a davantage l’impression d’écouter un podcast de France Culture plutôt que de regarder un objet de cinéma. Tout le contexte paraît alors n’être que la caution de ce débat et les acteurs, au service d’une réflexion qui normalement ne devrait pas faire l’objet d’un film mais plutôt d’un essai littéraire, d’une thèse universitaire ou encore d’un dossier du magazine Lire.
Doubles vies : une intrigue prétexte
Le film semble alors nettement découpé en deux : la partie débat qui occupe les trois quarts de l’ensemble, et ce qui est censée être l’authentique histoire du film : les liens entre les personnages et leurs aventures respectives (dans un film où chaque personnage trompe l’autre, ce terme n’a jamais si bien porté son nom).
Ce qui est sans doute le plus dommage dans Doubles vies, c’est qu’on a envie de s’intéresser aux relations entre les personnages car elles sont assez captivantes et fort bien construites. Or, on a l’impression que ces personnages sont au service de la réflexion sur l’état de la littérature au XXIè siècle. De façon plus anecdotique, on assiste également à une réflexion sur la place et l’influence de la vie privée dans l’écriture. En tant que spectateur, on a le sentiment de s’être fait piégé : on s’attendait à voir un film autour d’une histoire légère et plaisante et on se retrouve au coeur d’un débat qui au mieux nous dépasse, au pire nous ennuie. Doubles vies, double film, double échec.