Les chatouilles, une rage de (sur)vivre

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André Bescond s’est associée à son mari Eric Métayer pour porter son seul en scène autobiographique, Les chatouilles, à l’écran. Au coeur du film, le traumatisme vécu par la petite Odette (Cyrille Mairesse) qui est devenue adulte (Andréa Bescond), les viols à répétition de l' »ami » de la famille, Miguié, brillamment incarné par Pierre Deladonchamps.

Les chatouilles, un traumatisme sourd

Odette est une petite fille est en détresse qui n’arrive pas à parler des abus sexuels qu’elle subit, comme de nombreuses victimes quel qu’en soit l’âge. Régulièrement violée par Gilbert Miguié, un ami proche de ses parents, elle n’ose pas semer la zizanie dans ce tableau en apparence idéal. Comme si ce n’était pas suffisant, la petite Odette est comme brimée par sa mère, incarnée par Karin Viard. Ce personnage semble totalement agacé par sa fille, c’est d’ailleurs sans doute ce qui l’empêchera de tout révéler sur son mal, au delà de l’affection que sa famille porte à son agresseur, qui, comme souvent semble insoupçonnable.

Les chatouilles, la révolte avant l’apaisement

Une fois devenue adulte, Odette a en elle une rage qui la pousse à coucher avec le premier venu, se droguer, se détruire. Toute cette phase très agitée peut casser l’empathie que l’on avait avec le personnage. Même si on comprend les raisons qui font que le personnage est devenu ainsi, on éprouve plus de difficultés à suivre ses excès, sans même essayer de les cautionner. C’est à mon sens l’un des points négatifs du film et je ne suis pas la seule à le penser.

En revanche, on revit avec toute la phase d’apaisement une fois qu’Odette rencontre celui qui deviendra son compagnon, incarné par Gregory Montel, Mais bien sûr, pour tenter de se reconstruire pleinement, il faut que la jeune femme parle, alors que l’enfant qu’elle était ne le pouvait pas. Parler, ça revient à l’avouer à ses parents mais aussi porter plainte. C’est la seule façon de renaître malgré ce qu’elle a subi. D’ailleurs, la scène avant d’aller porter plainte avec son père, joué par Clovis Cornillac, est bouleversante.

En somme « Les chatouilles » c’est un film nécessaire sur un sujet lourd auquel on a tenté d’apporter de la légèreté, mais on préfère de loin les instants de pathos sincère aux gesticulations exagérées qui peuvent plomber le propos du film. Mis à part ce bémol, la mise en scène est impeccable, à la fois judicieuse et audacieuse, ce qui est d’autant plus remarquable pour un premier film.

 

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