Guillaume Nicloux livre un film présenté en compétition officielle à Cannes, dont les avis sont apparemment tranchés. Déconcertant, il s’agit en quelque sorte d’un OFNI (objet filmique non identifié), mais qui trouvera sans doute son public, de par la charge émotionnelle qu’il comporte.
Une quête symbolique
Gérard et Isabelle, dans leurs propres rôles, ont perdu l’enfant qu’ils avaient en commun. Avant de se suicider, Michael leur a laissé respectivement une lettre dans laquelle il leur demande de faire un voyage au coeur du Grand Canyon, en respectant des étapes quotidiennes. Il leur promet, il sera physiquement de retour la semaine du 12 novembre. Circonspects, mais coupables, ils décident de faire ce voyage ensemble.
C’est en plein désert et sous une chaleur étouffante que les deux protagonistes se mettent en quête de leur fils disparu. Le film prend alors un tour mystique lorsque des signes se présenteront à eux. Pour autant, il est nécessaire d’en accepter toute la dimension fantasmagorique sans quoi, on ne peut réellement adhérer au propos. Car au fond, en cherchant leurs fils, c’est eux qu’ils vont retrouver. L’amour indéfectible qui unit deux personnes qui se ne s’aiment plus mais qui ont été très liées par ce sentiment unique.
Deux monstres sacrés du cinéma français
Le duo fonctionne à merveille, l’ogre et la petite chose. Depardieu, ne cherche pas à se cacher, il assume son poids, ses penchants pour l’alcool et les cigarettes. Huppert, elle, se montre sous un jour assez rigide. En somme, ils semblent incarner leurs propres personnalités. Mais ce qui nous frappe, c’est sans nul doute la justesse du jeu proposé. L’une en mère éplorée mais longtemps absente pour son fils, l’autre en homme de conviction supportant mal la contrariété, mais assez sensible.
Ce film est une merveilleuse réflexion sur la parentalité, mais aussi l’amour et la mort. Après tout, entre Eros et Thanatos il n’y a souvent qu’un fil…