Toni Marshall, à qui l’on doit notamment Vénus Beauté et bien avant, les sous-doués, est de retour avec son dernier film. Pour ce faire, elle s’entoure des acteurs les plus « bankables » de leur génération : Sophie Marceau et Patrick Bruel. Le topo ? Une nymphomane -ne se définissant pas comme telle, tombe sous le charme d’un ancien dépendant sexuel en phase de rémission. Le ton est annoncé.
Tu veux ou tu veux pas une comédie romantique ?
Le film obéit clairement aux lois du genre, c’est une comédie romantique de part en part. Un couple a priori impossible, cette fois, c’est l’homme qui résiste, non pas parce qu’il est marié, comme dans la plupart des comédies du genre, mais parce qu’il est abstinent, pour son bien. La tornade brune incarnée par Sophie Marceau (élément perturbateur) s’immisce alors dans sa vie et vient tout balayer sur son passage. Du moins, c’est ce qu’elle aimerait, ignorant les interdits de sa nouvelle proie. Et bien sûr, comme à l’accoutumé, l’amour finit par s’immiscer lui aussi. Bien-sûr… Triomphera-t-il ? C’est la question que vous ne vous poserez même pas, tant vous en connaissez à l’avance la réponse.
Alors certes, toutes les comédies romantiques jouent sur les mêmes tensions scénaristiques, néanmoins il est des comédies plus réussies que d’autres…
Tu veux ou tu veux pas de l’invraissemblance ?
C’est sans nul doute à force d’invraisemblances que le scénario perd ses quelques qualités.
Sophie Marceau joue le rôle de Judith, jeune femme haute en couleurs et totalement à l’aise avec sa sexualité. Beaucoup trop à l’aise pour y croire. Si l’on ne remet pas en cause le sex appeal de Sophie Marceau, on peut trouver en revanche que son personnage manque de finesse. D’aucuns diraient que c’est volontaire, on frôle parfois la caricature voire le grotesque. De situations absurdes en répétitions improbables, le film perd toute crédibilité. Il suffit de répéter des scènes de sexe dans des endroits incongrus (une réserve, un taxi), mais aussi un talon qui casse, un bouton qui saute, une fermeture qui craque, des bas qui filent pour qu’on n’y croit plus. Et ce d’autant que le personnage joué par Sophie Marceau n’est ni rondouillet (il suffit d’entre-apercevoir sa colonne vertébrale), ni pauvre (manager commerciale en Asie, ça gagne bien, non ?) Alors, que veut la réalisatrice ? Sans doute nous divertir, nous plonger dans un comique de situation… sauf que la comédie reposant sur l’identification, on doute de la probabilité des faits montrés à l’écran.
Si on imagine tout à fait Patrick Bruel en addict sexuel-les rumeurs sont tenaces, et tout se dit dans ce milieu, on peine à imaginer Sophie Marceau dépendante du sexe. Certes, elle joue bien la comédie, mais tout de même, on ne peut s’empêcher de penser que ce personnage-là est trop éloigné d’elle pour y croire. Sans doute est-ce le lot des personnalités préférées des Français, ces mêmes personnalités qu’on a l’impression de bien connaître. Que ce soit la Vic de La Boum, ou la mère protectrice de LOL, on ne s’y retrouve pas… et ça n’a rien à voir avec ses talents de comédienne.
En définitive, l’univers complètement décalé de Toni Marshall manque de finesse (la scène avec Patrick Braoudé en écureuil en est une parfaite illustration). Toutefois, les analyses conjugales des cas étudiés par les deux protagonistes est assez saisissante, ce qui relève le niveau intellectuel du film. Enfin, des petites perles surgissent comme la venue inattendue de Jean-Pierre Marielle ou celle de Sylvie Vartan qui a probablement demandé à son chirurgien de ressembler à Emmanuelle Béart… Jolie surprise, les analyses pertinentes de François Morel en ami de Bruel, lesquelles ne peuvent que nous séduire.
A la question « tu veux ou tu veux pas ? » j’ai envie de répondre que je ne veux plus… Dommage.