Pour sa dernière pièce, Sébastien Azzopardi met en scène un vaudeville. S’il nous avait habitué à l’humour, il revient avec une forme plus classique, dont le traitement s’avère plus délicat; pour quel résultat ?
Et un soir tout vacilla
Victor Pelletier (Daniel Russo) incarne le parfait quinquagénaire qui a réussi sa vie (on ignore en revanche s’il porte une Rolex). Il est à la tête d’une entreprise du CAC 40 florissante et vient juste de marier sa fille unique, bien qu’il méprise son gendre. Pourtant, le soir des noces, tout bascule : sa femme, jouée par Anne Jacquemin, lui annonce qu’elle le quitte pour vivre d’amour et de tacos avec un serveur de tapas de 20 ans de moins qu’elle. Elle abandonne donc son palace rue Montaigne pour rejoindre une modeste chaumière à Barbès. Changement radical. Dès lors, le monde de Pelletier s’écroule et il n’a qu’une obsession en tête : se venger et récupérer sa femme.
Un comique à tout épreuve
Comme le veut tout bon vaudeville, celui mis en scène par Sébastien Azzopardi repose avant tout sur un comique de geste et de parole. Les situations sont aussi cocasses que savoureuses, malgré la banalité du point de départ de l’intrigue : une femme quitte son mari pour un amant plus jeune (certes, les hommes sont particulièrement coutumiers du fait). Dès lors, le comique de situation prend toute sa place, ponctué par les attitudes loufoques de Russo, prêt à tout pour récupérer qui de droit, quelqu’en soit les moyens. S’y ajoute un comique de parole, exacerbé par des répliques qui font mouche, parfois en lien avec une actualité récente, c’est la note Azzopardi. Ainsi, on ne s’étonnera pas d’entendre ça et là quelques allusions savoureuses au brûlot de Valérie Trierweiler.
Les comédiens sont tous bons, à l’unanimité : mention spéciale pour les doyens, Daniel Russo et Xavier Letourneur, ils livrent un jeu remarquable. Les plus jeunes, eux, ne déméritent pas. D’ailleurs, on soulignera toute la justesse d’Anne Jacquemin et le jeu loufoque livré par celle qui incarne sa fille, psy jusqu’au bout des ongles, la très belle Nassima Benchicou.
En somme, Sans rancune, c’est une pièce à aller voir sans attendre.
Au théâtre du Palais Royal, jusqu’au 29 mars.