Interview de Philippe Caroit

© Lisa Lesourd

Philippe, tu es un acteur dit de télévision mais tu as commencé  avec le cinéma d’auteur en réalité… 

Oui, je suis devenu comédien professionnel quand je suis entré dans la troupe d’Ariane Mnouchkine dans les années 80. Mon premier film était la femme de l’aviateur  de Rohmer, j’y avais un second rôle. Puis j’ai tourné pour la production des Films du Losange et notamment le premier film de Jean-Claude Brisseau, Les ombres. Mon premier rôle principal était dans Liberty belle de Pascal Kané.

Aimerais tu y retourner à ce cinéma ?

J’ai toujours voulu faire ce métier sans me fermer aucune porte. J’aime passer du théâtre au cinéma, d’un film italien à un film allemand, d’une pièce classique à une pièce contemporaine. J’aimerais que le cinéma fasse appel à moi de temps en temps. Mais ce n’est pas le cas, parce que je me suis laissé aller à la télévision à la fin des années 80, ma popularité est venue par ces films de TV et je suis donc devenu un acteur pestiféré pour le cinéma français qu’il s’agisse de films d’auteur ou plus commerciaux. 

Est-ce, selon toi, une spécificité française ?

Oui ce genre d’ostracisme est typiquement français car pour avoir beaucoup travaillé dans les pays anglo-saxons, la télévision constitue souvent un tremplin et jamais une impasse.
Tous les grands acteurs hollywoodiens ont fait leur classe ou été révélés par la TV (G.Clooney, Brad Pitt, Di Caprio, Robin Williams ou encore Johnny Depp).

Jean Dujardin est-il l’exception à la règle ?

Il correspond à ce qui s’est passé dans les années 90 et 2000 pour tous les humoristes.
Brice de Nice est parti d’un sketch qu’il avait joué; Mandarin Film a eu l’intelligence de le produire mais n’oublions pas que le film à été décrié par tout le cinéma français. Ce sont les américains qui l’ont adoubé grâce à son Oscar.

© Harcourt
© Harcourt

Comment gères-tu cette situation d’ostracisme, forcément frustrante ?

En ignorant ce petit milieu poussiéreux conservateur de ses privileges. Donc en travaillant à l’étranger notamment en Italie, Angleterre, Allemagne ou au Canada. Par ailleurs, je développe des projets pour le théâtre : des pièces que j’écris ou que j’adapte.

Tu as adapté la Société des loisirs et tu l’as fait venir en France… 

Oui j’ai découvert cette pièce en 2007 à Montréal où elle triomphait. J’ai ensuite rencontré l’auteur, François Archambault, qui a validé mon adaptation. Puis je suis entré dans un long processus de production ; la pièce s’est finalement jouée la saison dernière au Théâtre de Paris mise en scène par Stéphane Hillel et nous partons en tournée dès la semaine prochaine, un peu partout en France. 

Enfin, Philippe, as-tu d’autres projets ?

J’ai adapté autre pièce du même auteur que je vais mettre en scène. C’est une comédie dramatique sur la présence encombrante d’un père précocement Alzheimer. J’ai également fini l’écriture d’un pièce, toujours une comédie qui parle de la difficulté d’un père récemment séparé de ses enfants.

Projets à suivre donc…

http://www.philippecaroit.com 

Share