Pour son dernier film Night Call, Jake Gyllenhaal revient dans un rôle des plus surprenants, affichant toute l’étendue de son talent d’acteur. Night Call s’intéresse au domaine du sensationnalisme médiatique : toujours plus cru, plus trash.
Le credo du « No limit »
Night Call c’est avant tout un film sur l’opportunisme, celui de saisir les occasions, bonnes ou mauvaises. Le protagoniste, Lou Bloom, saisit ce concept à merveille. Cynique à souhait, ce jeune homme perdu accumule les galères ; pour s’en sortir, il décide de filmer des scènes de crime ou d’accident. En arrivant le premier sur les lieux du drame, il peut ensuite revendre les images inédites aux chaînes d’informations. Le problème, c’est que ce petit jeu devient de plus en plus dangereux, et ses prises de risque, de plus en plus importantes. La frontière entre le scoop et la non assistance à personne en danger, voire au pousse au crime se brouille. Lou Bloom incarne alors un homme prêt à tout, un homme avide d’images sanglantes et qui n’a rien à perdre.
Du cynisme à l’état brut
Parce que son personnage incarne le cynisme pur, Jake Gyllenhaal est méconnaissable dans ce rôle. Il est comme habité par un fou qui aurait pris possession de son corps. Lou Bloom, c’est l’incarnation du sociopathe, il ne présente aucun signe d’empathie, il ne réfléchit qu’en termes d’opportunités pour sa récente entreprise. Seul le business compte, l’humain n’est rien en comparaison des affaires. Cette détermination à toute épreuve peut faire sourire quand on regarde le film avec une certaine distance, d’ailleurs c’est ce qui a fait rire mon compagnon qui, lui, a vu le film comme une fable risible. Si j’ai été plus sensible au personnage et véritablement choquée par la violence de certaines scènes, tant par les images que l’immortalité qu’elles impliquent, le personnage c’est avant tout quelqu’un qui ne ressent rien, ou du moins, rien comme les autres. Il y a néanmoins du vrai dans Night Call, cette course effrénée au scoop qui implique tous les débordements.