Le très sulfureux Gaspar Noé (Irréversible, Enter the Void), revient avec Love, un film qui a fait grand bruit à Cannes, lors d’une projection bien festive et en pleine nuit. Le film faisait polémique avant même sa sortie, à renfort d’images teasing et de déclarations du réalisateur lui-même. De son aveu « ce film, ce sera des larmes, du sang et du sperme ». Alléchant (?)
Une histoire d’Amour
Noé n’a pas fait, comme certaines mauvaises langues le diraient, « un porno en 3D ». Non. Ce film, c’est avant tout une formidable histoire d’amour, forte et singulière.
Electra est étudiante en arts et Murphy, aspirant réalisateur américain, fortement hostile aux Français. Elle est grande, brune et trash, il est petit, fort et musclé. Comme tout couple fusionnel et passionné, ils s’aiment, physiquement, aussi souvent qu’ils en expriment l’envie. Noé a voulu montrer cela, et il le fait à tel point que ça vaut une interdiction à moins de 16 ans à son film. Histoire d’amours déchues, sincères et un peu folles, Love porte bien son nom. L’amour y est vu sous toutes ses formes, amour physique, affectif, moral et paternel. On sent toute la présence de Noé dans ce film qui est le sien ; d’ailleurs, il va jusqu’à donner son patronyme à deux personnages centraux du film. Joli clin d’oeil.
Une réalisation éclairée
Outre la 3D, la réalisation est intéressante en cela qu’elle se démarque de ce qu’on a coutume de voir. Les scènes sont comme hâchées, entrecoupées d’un cut de fond noir, rendant ainsi l’action d’autant plus forte, et permettant aussi les ellipses. De plus, la chronologie de la narration et le mode employé renvoient à un cinéma assez original, celui d’Ozon dans 5 fois 2 ou encore, Emmanuelle Béart pour son film Ca commence par la fin. Dans ces deux exemples, le propos est le même : une histoire d’amour, relatée à l’envers de la manière dont les évènements sont arrivés. Noé, lui, est plus subtil dans le traitement de son scénario, les flash back sont fréquents et pas toujours dans l’ordre ou non. Quoi qu’il en soit, le tout est amené avec force subtilité, limpidité aussi.
Une lenteur lancinante
Même si l’ensemble est très réussi, on déplore tout de même la lenteur dont les protagonistes font parfois preuve. Certaines scènes, en marge des performances fortes, souffrent d’un défaut de rythme. Puisque le personnage de Murphy est sous opium, son comportement souffre d’un défaut de vivacité et, bien que ce soit volontaire, cette apathie manifeste entache le rythme global du film.
Heureusement, on ne reste pas sur cette impression tant les dialogues sont travaillés, et le propos, universel. Forcément.
Une performance remarquable
Les deux protagonistes se livrent, à l’instar du film de Desplechin, à une jolie performance, parfois extrême. Les scènes de sexe sont incroyablement fortes et les situations extrêmes dans lesquelles ils s’abandonnent sont d’une puissance inouïe. On ne peut qu’aller et venir avec ce couple qui incarne tous les autres, ou plutôt, tous ceux qui osent aimer sans conteste, sans limite, sans entrave.
Love, c’est une belle leçon d’amour. Merci Monsieur Noé.