Louis-Do de Lencquesaing : un faux cynique avec une vraie vision du 7è Art

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Fin juin j’ai rencontré Louis-Do dans un pub du 1er arrondissement, l’occasion de discuter avec lui cinéma et d’en apprendre plus sur ce comédien et réalisateur de talent : rencontre .

Vous avez declaré au Nouvel Obs « Aux acteurs qui jouent, je préfère ceux qui sont. Bassiner un comédien avec des intentions revient à travailler à l’envers. Pour moi, un personnage se dessine d’abord si vous chopez des “choses” de la personne. », je vous suis complètement sur ce point. Vous ne pourriez pas incarner un personnage aux antipodes de ce que vous êtes ?

On peut déplacer un peu le personnage,  mais pas trop ; pas la personne en revanche. Il faut veiller à attraper un truc de la personnalité de l’acteur. Moi je ne crois pas beaucoup aux personnages au cinéma ; on peut travailler une démarche, un accent chez les anglophones – et c’est particulièrement valable pour les Américains- , mais pas chez nous.

Les films qui me plaisent sont ceux qui relèvent du privé, Plus c’est intime plus on touche à quelque chose.

Pour mon prochain film, dans la note d’intention j’ai écrit que – un film c’est d’abord un reportage sur des acteurs au travail; comme un mot d’odre pour conduire l’ensemble. Comme un moyen de saisir la présnt, la présence.

Les virtuoses du jeu ne m’intéressent pas beaucoup. D’ailleurs les seules mises en scène qui me plaisent sont celles sans effet apparent, ceux où la mise en scène se fait oublier. Se faire oublier pour montrer autre chose de soi, le saisir.

Je ne suis pas dans la démonstration, ça ne m’intéresse pas.

D’ailleurs, vous remarquerez que c’est quand ça se voit qu’on récompense, c’est notamment le cas aux Césars  !

Je pensais justement à la performance de votre fille Alice dans Polisse, elle y joue une scène particulièrement difficile, l’avez-vous soutenue ou conseillée ?

Elle est grande, elle se débrouille !

Dans Polisse, son personnage crève l’écran ; d’elle Marina (Fois), Karine (Viard) ou Sandrine (Kimberlain) m’ont dit : « il y a Alice (avec le geste de la main au dessus de la tête…) et nous on court derrière ! ».

J’ai beaucoup aimé Au Galop, j’avais l’impression que vous y aviez mis beaucoup de vous. Est-ce le cas ?

On met forcément de soi quand on écrit. Il y a des choses très personnelles oui, mais l’autobiographie ça n’existe pas trop au cinéma. On réécrit avec sa mémoire, avec ses trous de memoires, on réinvente tout en le réalisant et encore en le faisant jouer et encore en montant.

Plus c’est intime, plus c’est universel.

La mort du père, je l’ai vécue et ça fait partie intégrante de Au Galop ; j’ai traversé ce moment en plein tournage du Père de mes enfants (Mia Hansen Løve), alors que le protagoniste –producteur, mettait fin à ses jours.

Bande Annonce « Au Galop »

Une suite pour Au galop ?

Oui, ça s’appelera Une année sabbatique. Un peu la même famille mais plus jeune : une grand mère, un père, une mère  deux frères. On suit le petit, un avocat qui prend une année sabatique, et qui se demande bien pourquoi ?  C’est Vincent Macaigne qui incarnera le rôle.

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Pourquoi vous ne le jouez pas vous ?

Déjà parce que le rôle est trop jeune pour moi (je ris).

Puis c’est difficile de jouer et mettre en scène conjointement ! Ce qui est intéressant c’est de se jeter dans la prise ; c’est skyzophrène de se regarder et jouer en même temps ! Les autres acteurs en sont troublés, ils jouent avec le metteur en scène mais il n’en peuvent plus. Ca créé une sorte de désiquilibre qui entraine tout le film. Chacun sur un fil, funambule sans filet. Mais je devrais recréer autrement cette sensation, indispensable pour que quelque chose arrive. Offir la place à l’accident, ce moment imprévu qui fait de la prise sa rareté.

Et si je jouais dans ce film, ce serait trop proche du précédent, il y a encore une histoire de maîtresse et de bien à vendre… En l’offrant à Macaigne ça déplace le film vers plus de fiction peut-être…

A suivre donc !

Que ce soit dans Le père de mes enfant,  Polisse ou encore dans votre propre film Au galop, vous jouez  aux côtés de votre fille, Alice, alors Louis Do, le cinéma, une affaire de famille ?

Dans mon court métrage, Même pas en rêve, j’évoque la relation père/fille à travers la présentation du petit copain au père (moi, donc). L’Œdipe est bien sûr latent, on a beau le savoir, c’est toujours douloureux quand on perd on voit sa fille s’éloigner. C’est un drôle de moment que j’ai voulu mettre en scène, pour elle et pour moi. Quand elle m’a annoncé qu’elle voulait prendre un appartement, j’avais beau l’avoir écrit dans « au galop », on avait beau l’avoir tourné ensemble, je l’ai mal vécu.

Suite au Père de mes enfants, vous avez ensuite tourné dans des films français qui ont bien marché au box office (je songe notamment à l’Apollonide, Elles avec Juliette Binoche, Polisse… j’en oublie sans doute), diriez vous que le cinéma français vous a ouvert ses portes ?

 Disons que les gens m’ont regardé différemment. Ils se montraient plus patients, plus prévenants aussi, m’offraient un café par exemple. On me proposait des rôles sans passer d’essai.

Louis Do, vous êtes un grand cynique au fond ?

Je n’espère pas ! Ce n’est pas très bon le cynisme. Il m’arrive de dénigrer, mais j’ai plutôt raison non ? On vit une époque formidable, très gaie !

 « Gaie », comment vous l’orthographiez ?

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