L’importance d’être au sérieux, librement inspiré de « L’importance d’être constant » d’Oscar Wilde se joue sur les planches du théâtre Montparnasse. Revisitée par Jean-Marie Besset et mise en scène par Gilbert Désveaux, la pièce est une véritable réussite.
Elle met en scène deux amis -Matthieu Bisson et Arnaud Denis, souhaitent librement vivre leur vie et pour ce faire, ils s’inventent des alter ego pour fuir les convenances et ainsi s’adonner au plaisir. L’un souhaite épouser la belle Gwendoline formidablement interprétée par Marilyne Fontaine (laquelle a précédemment joué dans « Mademoiselle Julie »), l’autre est tout simplement contre le mariage, dénonçant une aliénation de la personnalité. De quiproquos en coups d’éclats, la pièce est particulièrement savoureuse, à mesure que son intrigue s’amplifie. Les dialogues sont prodigieux de clairvoyance, de cynisme et de sarcasme. Les répliques d’Arnaud Denis sont tout bonnement jubilatoires. Mention spéciale à Claude Aufort pour sa double interprétation que l’on devine à peine… Maryline Fontaine et Mathilde Bisson rayonnent par leur fraicheur et leur jeunesse et c’est ô combien appréciable. Les décors sont extrêmement travaillés, qu’il s’agisse de la campagne ou de l’appartement en ville. Les costumes sont également particulièrement soignés et le résultat est éblouissant.
Oscar Wilde écrit cette pièce au moment où sa vie bascule dans la tragédie – il est condamné pour « sodomie et outrage aux mœurs » à deux ans de travaux forcés. Or, dans cette pièce dont il ne faut pas trop dévoiler son intrigue au risque de rompre la surprise de la pièce, on rit, on rit énormément. Les répliques sont acerbes, intelligentes et pleines d’humour. Le personnage d’Algernon Moncrieff est un monstre de sarcasme mais ses théories sur l’amour ou encore la société sont prodigieuses : on ne se lasse pas d’un tel esprit. Cette pièce écrite en 1895 présente bien des aspects d’avant garde, pour notre plus grand bonheur. La voir dans son adaptation contemporaine fait résonner des vérités toujours présentes à l’heure actuelle. Si l’âme humaine est insondable, elle est en revanche immuable; on change rarement avec les siècles et c’est la raison pour laquelle cette pièce écrite au XIXème, soit il y a trois siècles, résonne au présent dans nos esprits modernes.
Vous disposez d’encore un mois et demi pour aller voir ce petit bijou de théâtre, tous au Montparnasse !