A la vie est un film réalisé par Jean-Jacques Zilbermann avec Julie Depardieu, Johanna ter Steege et Suzanne Clément (vue chez Xavier Dolan). Trois amies se retrouvent après avoir été déportées à Auschwitz. A leur manière, elles tentent de réapprendre à vivre, après avoir vécu l’enfer des camps.
Une ode à la vie audacieuse
Si le film débute par quelques scènes dures, ce n’est que pour mieux comprendre toute l’atrocité des camps de concentration et ce qu’ont subi les trois protagonistes. Comment reprendre une existence normale après ça ? Et pourtant, à leur manière, elles s’y efforceront. Hélène, Rose et Lili se retrouvent 15 ans après la guerre. Elles ne s’étaient pas vues depuis les camps de la mort et pourtant, c’est bien en vie, à Berck Plage qu’elles décident ensemble de profiter du soleil, des bains de mer… de la vie, en somme. Avec leur franc parler, elles osent tout se dire : l’affection qu’elles se témoignent mais aussi les agacements, les non dits. A travers leurs lubies, elles apprennent à se reconstruire, à devenir les femmes qu’elles n’ont pas été car la guerre les a privées de cette partie de leur vie. Quand elles en sont sorties, elles avaient 20 ans, mais c’est une partie de leur innocence, de leur jeunesse qui leur avait été volée à jamais.
Un film sans pathos
Si le sujet est grave, il n’est pas traité avec misérabilisme. Tous ceux qui auront un a priori sur le thème du film, des retrouvailles après l’enfer des camps, verront ce préjugé totalement balayé par l’habileté du réalisateur à faire de son oeuvre, un film qui n’essaye jamais de faire pleurer dans les chaumières. C’est par cette pudeur et cette justesse (il est lui-même fils de déporté, et cette histoire, c’est celle de sa mère), que le film parvient à cette qualité tant appréciable. Quand on a vécu l’horreur, on peut tout (se) dire, rire de tout. Les répliques, parfois cyniques, amènent une légèreté tout à fait savoureuse. C’est en cela que se distingue « A la vie » : il aborde un thème ô combien traité de façon audacieuse, si bien qu’on n’en avait pas l’habitude.
Des comédiens remarquables
Tout le casting du film est très juste. Qu’il s’agisse du trio de comédiennes (on salue d’ailleurs la belle performance de Julie Depardieu, par ailleurs d’une maigreur affolante). Hippolyte Girardot (père d’Ana) est tout à fait digne dans son rôle d’époux d’Hélène (Julie Depardieu), ex martyr des camps, sur lequel on a pratiqué diverses expériences dont une castration qui le rend impuissant. Les deux amies sont également très touchantes, tant dans leur sincérité que dans l’affection qu’elles portent à Hélène. Le moniteur du Club Mickey est lui aussi remarquable dans son rôle de jeune premier charmé par la beauté d’Hélène, sa fraicheur et sa spontanéité apportent un grand bol d’air au film.