Trois ans après «Une Séparation », Asghar Farhadi nous livre un film dans la même tonalité que ce succès mondial : une émotion palpable, une intrigue bien ficelée et riche en rebondissements.
Le film met en scène un divorce, une relation sur fond d’adultère et la complexité des relations parents/enfants. Trop en dire annihilerait l’intérêt du film, il faut le voir pour apprécier toute la richesse de son intrigue. En quelques mots, Marie (interprétée par Bérénice Bejo) retrouve Ahmad, son ex mari, de retour à Paris le temps de signer les documents officalisant leur divorce. La jeune femme vit désormais avec Samir (Tahar Rahim), papa d’un petit Fouad, un enfant assez perturbé. Elle-même est mère de deux filles ; Lucie, l’aînée est particulièrement distante et met un point d’honneur à fuir sa mère et son futur beau père…Pourquoi ?
Le Passé met en lumière les regrets, les secrets, la douleur. Asghar Farhadi n’a pas son pareil pour faire prendre à ses personnages toute leur dimension psychologique ; de même qu’il sait émouvoir ses spectateurs avec force simplicité; pas de pathos, juste de la sincérité. On ne peut qu’être en empathie avec ces personnages qui souffrent, ces hommes et ces femmes au courage quotidien qui font de l’existence un combat permanent et à la vie morcelée, basée sur des non dits.
Pour incarner ces rôles des comédiens de talent : Bejo, Ali Mosaffa et Tahar Rahim affichent une émotion au diapason, palpable, à fleur de peau : incroyable. Les comédiens en herbe sont tout simplement déconcertants par leur justesse : Elyes Aguis, ce petit génie, la trépidente Jeanne Jestin et Pauline Burlet, magistrale dans ce rôle difficile qui est le sien. Certes, c’est une œuvre de 2h20 que nous propose son réalisateur mais il serait difficile de faire plus court lorsqu’on parvient à un tel dénouement.
Ce film remue le passé, pas seulement celui de ses protagonistes, mais le nôtre aussi ; rarement une œuvre cinématographique n’a provoqué telle réaction chez moi, je remercie Monsieur Asghar Farhadi.
photo AFP