Portée à l’écran par Roman Polanski avec Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric dans les rôles principaux, la Vénus à la fourrure fait désormais le bonheur de ses spectateurs sur les planches. Mise en scène par Jérémie Lippman, la pièce reprend enfin sa forme originelle, portée par deux comédiens exceptionnels : Marie Gillain et Nicolas Briançon.
Un tête à tête psychologique
Thomas Novachek, metteur en scène et récent adapteur de la Vénus à la fourrure, est à la recherche de la future comédienne de la pièce. Alors que la journée de casting s’achève, une certaine Vanda débarque au théâtre, survoltée. La jeune femme aux manières grossières entend bien passer cette audition, contre l’avis de Novachek. Son opiniâtreté finit par payer et ce dernier accepte de lui donner la réplique. La jeune femme effrontée se mue en comédienne talentueuse, capable de livrer un jeu à la mesure des exigences de Thomas.
Une mise en scène habile
Les répliques de la pièce de Masoch finissent par se substituer à la vie elle-même, ou du moins, se succéder. Or, tout le génie de la mise en scène réside dans l’intelligence de cet enchaînement de répliques issues de la vraie vie ou de la pièce. Wanda devient tour à tour soumise et dominatrice et tout naturellement, Thomas qui semble détenir les cartes du pouvoir, se soumet peu à peu aux envies de Wanda, fussent-elles excentriques. Le spectateur quant à lui, ne se perd jamais dans le passage de la pièce à la vie réelle et inversement, le tout étant agencé avec force subtilité.
Un duo d’acteur au diapason
Qu’il s’agisse de Marie Gillain ou Nicolas Briançon, tous deux incarnent leur personnage avec justesse et intensité. Parce que de tels rôles ne permettent pas la demi-mesure, les deux acteurs livrent une performance énergique, qui électrise le théâtre. Marie Gillain était l’actrice rêvée pour incarner Wanda ; elle a beau porter du cuir, des bas et une guêpière, jurer tous les 3 mots, elle ne sera jamais vulgaire. Ce petit brun de femme porte la grâce en elle. Qui de mieux qu’elle pour incarner la Vénus, au sens mythologique ? Nicolas Briançon, quant à lui, endosse un rôle énergétique, demandant une réactivité de tous les instants. Derrière un conformisme apparent, se cache une folie qui ne demande qu’à émerger. Par son jeu, l’acteur réussit à faire transparaître ce déséquilibre supposé. Enfin, il passe habilement de la domination à la soumission, même dans ce qu’elle a de plus avilissant, pour notre plus grande joie.
Au Théâtre Tristan Bernard, 64 rue du Rocher 75008 Paris
A 21h et les 18h les week ends.
Jusqu’au 18 avril 2015