Librement inspiré de faits réels, La French de Cédric Jimenez retrace le parcours du juge Michel durant l’affaire de la French Connection, les parrains de la drogue à Marseille, la pègre.
Une intrigue haletante
Le souffle court et la gorge nouée, on l’est durant plus de 2h. Ce film, c’est une lutte de tous les instants, un combat de longue haleine contre la drogue qui gangrène la jeunesse française et américaine. Car ce trafic s’exporte outre-atlantique pour engendrer encore plus d’argent et ainsi devenir rentable. A la tête du réseau, un homme celui que tout le monde nomme Tany, soit Gaëtan Zampa (Gilles Lellouche). Lui, c’est l’homme à abattre pour le juge Michel (Jean Dujardin), parachuté sur l’affaire lors de sa promotion en tant que juge du grand banditisme. La drogue, il s’y attaquait déjà lorsqu’il était juge des mineurs et il était personnellement accablé par les ravages occasionnés. Dès lors qu’on le met sur le dossier de la French Connection, le juge Michel se lance à corps perdu dans une traque de la pègre, responsable des trafics de drogue entre Marseille et les USA.
Un western marseillais
Les tirs pleuvent au sein de la French ; dès que quelqu’un se met en travers du chemin de Zampa, il se fait abattre. Le film prend parfois des allures de western tant les scènes de règlements de compte sont nombreuses. Mais contrairement au genre cité, la dramaturgie est toujours importante et non la violence n’est jamais banalisée. Si les scènes de transformation chimique de la drogue dans des installations de fortune sont dédramatisées à travers une certaine mise en scène, leur activité n’en est pas pour autant minimalisée. Par ailleurs, le spectateur ne peut qu’apprécier la manière dont l’intrigue est scénarisée : on sent toute la détermination du juge Michel, presque seul contre tous (que ce soit les institutions ou sa famille) et le film est une lente progression vers les racines de la French Connection. Une organisation qu’il voit d’ailleurs comme une pieuvre « Si on ne peut pas avoir la tête, on va lui couper les bras ». Le juge Michel est obstiné et patient, rien ne le fera reculer, sauf peut être sa femme (Céline Sallette) qui comprend alors tout l’enjeu que l’affaire représente pour lui.
Une performance éblouissante
Bien-sûr, on citera Jean Dujardin, émouvant dans son rôle de juge prêt à tout pour faire tomber le Mal et leur incarnation. Dans le rôle des bad boys, on apprécie le côté tout à tour autoritaire et (rarement) tendre de Zampa (Gilles Lellouche, qui, une fois n’est pas coutume, est l’ennemi juré de son pote Dujardin). Benoît Magimel, plus discret est toutefois très crédible dans son rôle de sbire frustré qui se retourne contre son propre maître (il est surnommé le Fou). Enfin, ne négligeons pas les femmes, celles de ces hommes prêts à tout pour mener à bien leur cause, qu’elle soit du côté du bien ou du mal, disons plutôt des hommes ou de l’argent. Céline Sallette en épouse délaissée par un mari prêt à tout pour faire tomber la French, travaillant sans relâche et souvent sans appliquer le protocole officiel. On sent toutefois tout l’amour qui unit ces deux-là. La scène de fin est particulièrement saisissante et Céline Salette y est époustouflante. Mélanie Doutey, femme du parrain de la pègre qui semble fermer les yeux sur ses activités douteuses pour profiter d’une vie de luxe. Comme souvent dans ces cas-là, les femmes sont assez discrètes et on ignore ce qu’elles en pensent réellement.
