Kinship : Adjani, Phèdre des temps modernes

KINSHIP

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Des années après Marie Stuart, Isabelle Adjani revient sur les planches avec Kinship; Aux côtés de Niels Schneider (vu chez Dolan, ou encore endossant le rôle de Roméo dans la fameuse tragédie, voir mon interview du comédien), elle incarne la rédactrice en chef d’un journal plutôt sérieux. La pièce traite de la relation entre ces deux personnages que tout oppose.

Des thèmes mêlés

La pièce embrasse plusieurs thèmes : les relations humaines que ce soit l’amour, l’amitié ou encore les relations mère/fils, mais aussi la hierarchie, la peur de vieillir, le pouvoir, l’intimidation, l’admiration. Néanmoins, l’auteur se contente de les aborder de manière superficielle, la pièce aurait sans doute gagné en qualité si ces thèmes intemporels avaient été davantage développés. Pourtant, on sent que le personnage d’Isabelle Adjani a peur de vieillir et qu’elle n’accepte pas son âge (sans doute y a-t-il du biographique dans ce sentiment), on la devine perdue alors qu’elle a tout. La passion est également en filigrane mais elle retombe comme un souffle, comme le veut l’intrigue. Le personnage de Niels Schneider incarne la désinvolture, l’insouciance de la jeunesse, mais aussi la peur de se fixer, de s’installer. Il est somme toute à l’inverse de tout ce qu’incarne Isabelle Adjani.

Une dramaturgie bancale

Si la mise en scène est assez réussie, les éléments de dramaturgie semblent être mal amenés. Des situations sont installées et leur dénouement s’avère hélas décevant : la relation entre les deux protagonistes et toutes les complications qu’elle sous entend se solde par une réaction incompréhensible, non expliquée. Même si on ne le voit pas venir, on ne comprend pas ce qui pousse l’un d’eux à prendre une telle décision, on est donc perplexe. Le personnage de Niels est difficile à cerner : d’abord tout feu tout flamme, talentueux, il devient prudent et décevant au fur et à mesure de sa relation avec sa rédactrice en chef, une relation qui l’étouffe dit-il.  En revanche, elle qui était très raisonnable et mesurée devient folle de lui, s’oubliant elle-même et brûlant d’une passion inextinguible. La Phèdre, amoureuse malheureuse de Racine, n’est jamais loin. Son ombre plane sur la pièce grâce aux réminiscences dansées avec beaucoup de grâce.

Un jeu prodigieux

Si la pièce est très imparfaite, la qualité du jeu des comédiens, lui, ne fait aucun doute. On saluera d’ailleurs le dynamisme dont ils font preuve, en raison des innombrables changements de décor. Même si Isabelle Adjani joue trop sa première scène, elle devient rapidement très à l’aise dans son rôle : une femme insaisissable, qui apparaît sous un certain jour, mais dont on devine toute l’urgence et l’inquiétude à l’intérieur d’elle. Adjani est tout à tour mystérieuse, grâcile, d’une beauté frappante malgré ses vêtements amples qui font oublier ses formes de femme. Niels Schneider, lui, est très juste dans le rôle du jeune homme séduisant qui ne sait pas vraiment où il en est, qui ne souhaite pas vraiment se livrer et encore moins promettre quoi que ce soit. La non-manière dont il a aménagé son appartement est symptomatique : il n’a ni lit, ni fourchettes, en somme, rien de définitif qui laisse supposer qu’il vit là. Superstitieux, il n’ose même dire à sa mère où il travaille dans un premier temps, le temps de faire ses preuves à la rédaction. Sa mère, jouée par Vittoria Scognamiglio est sans doute le personnage le plus savoureux de la pièce : drôle et mère poule. Elle veille sur son petit et le couvre d’attentions. Entre ses multiples activités et son accent à couper au couteau, elle insuffle la fraîcheur nécessaire à la pièce.

Une pièce de Carey PERLOFF , avec Isabelle ADJANI, Vittoria SCOGNAMIGLIO, Niels SCHNEIDER; 

Mise en Scène : Dominique BORG

Pour réserver Kinship au Théâtre de Paris : cliquez ici.

Du mardi au samedi à 21h00, le samedi à 16h00, le dimanche à 15h30

 

 

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