Que ce soit sur les planches comme à l’écriture, Bénabar sort de son registre habituel, la musique. Il nous livre une comédie burlesque, très bien interprétée, sur les affres de la jalousie et, plus généralement, sur le couple.
Entre clichés et bavardise
Extrêmement bavarde, la pièce est malgré tout une assez bonne surprise. L’intrigue est on ne peut plus classique : un homme dont la femme l’a quitté vient s’en prendre au psy de cette dernière car il estime qu’il est à l’origine de la décision brutale de son épouse. Le mari délaissé est joué par Pascal Demolon et le psy, par Bénabar. Là où l’histoire est moins prévisible, c’est que cet homme vengeur est venu armé…d’une grenade et qu’il menace de tout faire exploser. Durant près de 2h, il prend en otage le psy, à qui il reproche une certaine suffisance, le mépris des gens qui ne sont pas, comme lui, intellectuels. On navigue hélas de clichés en clichés, entre le psy qui lui-même est phobique, le mari malheureux qui a pourtant négligé sa femme durant de nombreuses années, la femme bafouée qui trouve une oreille attentive auprès de son psy, qui lui-même ne peut s’empêcher de tomber sous son charme. Bref, on est assez peu surpris par le tournant que prend la pièce, mais on demeure séduit par certains dialogues savoureux.
Un jeu inégal
Presqu’entièrement portée par le jeu de Pascal Demolon, la pièce lui doit beaucoup. Bénabar ne semble encore pas à la hauteur de ce comédien chevronné et singulier. Le personnage interprété par Zoé Félix n’est aps assez présent pour que l’on s’en fasse une réelle opinion, mais la comédienne est juste dans sa manière de le jouer. Le duo Demolon/Bénabar fonctionne plutôt bien en somme. Lorsque l’un est censé représenter la furie, la menace, l’autre est plus calme, plus pacifiste. On déplore juste les réactions mal contrôlées comme l’énervement soudain de Bénabar, qui arrive comme un cheveu sur la soupe.
La mise en scène quant à elle est on ne peut plus classique, même si on salue le recours aux cachettes dont la pièce regorge.
« Je vous écoute » c’est donc une pièce sans grande surprise, assez comique et qui doit beaucoup à son intérprète principal , Pascal Demolon (avec qui j’avais d’ailleurs précédemment brunché : l’interview-brunch est ici).