Pour sa nouvelle création, toujours avec une pointe d’histoire, Alexis Michalik a décidé de s’intéresser à Edmond Rostand et plus particulièrement à la création de sa pièce mythique, Cyrano de Bergerac.
Une alchimie réussie
En nous proposant une pièce aussi ambitieuse que l’écriture pas à pas du chef d’œuvre d’Edmond Rostand, l’auteur aurait pu se heurter à des écueils tels que la longueur ou le fait de perdre son public. Il n’en est rien. Avec force prodige, Alexis Michalik parvient à nous rendre captifs, en nous proposant une palette d’émotions aussi vaste qu’intéressante. On est a la fois touché par Cyrano, looser éminemment sympathique : « il ne fait que des fours ! » On est également amusés par le fort registre comique de la pièce, le personnage jouant le fils de Constant, les Corses à l’accent improbable pour les autochtones. Pour notre plus grand bonheur, Michalik ose la critique des comédiennes qui sont insupportables et se comportent comme des divas, dresse le portrait du comédien coureur de jupon et souligne l’avarice des gens du spectacle et l’appât du gain des producteurs (diversifiant leurs activités en tant que propriétaires d’un bordel).
Une mise en abyme intéressante
Sans doute la patte de Michalik réside t elle dans cette manière de relater l’histoire : en assistant à la première présentation de Cyrano, on regarde une pièce de théâtre dans le théâtre, qui s’insère elle même dans une autre pièce de théâtre. Tout à fait prodigieuse, la mise en scène nous plonge dans la position de spectateurs en coulisses car la troupe nous tourne le dos pour le faux salut, celui de Cyrano, et non d’Edmond. Dans la mesure où nous avons assisté à la création de la pièce avec eux, il est bien normal que ce soit dans les coulisses qu’on les accompagne. On a parfois le privilège d’assister à certaines scènes, toutes plus réussies les unes que les autres. Évidemment, les comédiens y sont pour beaucoup.
Un spectacle de troupe
Pas de tête d’affiche dans la pièce de Michalik mais une vraie troupe, en permanence sur scène, toujours sollicités, multipliant les rôles et les talents. On ne peut qu’être admiratifs devant tant d’énergie, une envie de crever le plancher (et non l’écran) : leur enthousiasme est communicatif, le spectateur est transporté… à Paris en 1895.
Au Théâtre du Palais Royal, à 21h.