Mia Hansen-Løve, réalisatrice du « Père de mes enfants « ou encore « un Amour de jeunesse » revient avec Eden, un film sur l’univers de la musique garage. Cet univers, elle le connaît bien car c’est celui de son frère, Sven, co-réalisateur du film et figure emblématique de la musique garage entre les années 90 et 2000.
La musique comme religion
Paul est DJ, avec son meilleur ami, il forme le groupe « Cheers », un duo emblématique dans les années 90. En s’imposant peu à peu comme les maîtres de la nuit la parisienne, le duo laisse la musique garage prendre une place omniprésente dans leur vie. Cette ascension aussi fulgurante que déstabilisante fera de leur vie des sets de DJ permanents. Parallèlement, on assiste à l’ascension d’un duo qui sera pérenne et puissant : les Daft Punk. D’ailleurs, le film ironise sur certaines anecdotes qui les montrent se faire refouler à l’entrée des soirées. Le personnage de Paul (Felix de Givry, nommé aux espoirs des Césars) est intéressant à plus d’un titre car s’il est obstiné à réussir dans la musique, il épreuve en revanche de grandes difficultés pour se construire. A la fois perdu, attachant et incroyablement séduisant, Paul mène une vie affective chaotique. Seule une personne semble lui donner une certaine stabilité, il s’agit de Louise (Pauline Etienne). Pour autant, leur relation n’est pas toujours un long fleuve tranquille, à la manière de leur propre existence.
Des paradis artificiels à l’enfer de la réalité
Paul, tout comme sa joyeuse bande (Stan, Cyril, Arnaud, campé par Vincent Macaigne toujours époustouflant) se noie dans l’alcool et se perd surtout dans la coke. Sa plus fidèle compagne ne lui permettra pas de garder une grande lucidité sur sa situation. De plus, ses finances, une véritable catastrophe, sont mises à mal par son mode de vie. Eden, c’est ça aussi : la réalité d’un DJ qui marche bien auprès de son public, qui est reconnu et ce même à l’international (il mixe sur la place du Moma de New York), mais qui, pour autant, n’arrive pas à joindre les deux bouts. La vie que mène Paul est à l’image de son personnage : entre galère et indécisions. Le DJ est un personnage foncièrement engoncé dans son mode de vie. Mixer, se défoncer… Il ne semble pas viser plus haut, vouloir vivre différemment et, en tant que spectateur, on ne peut que le déplorer.
Un rythme lancinant, parfois lassant
Ce que l’on pourrait reprocher au film de Mia Hansen-Løve, c’est son rythme. Paul nous entraîne dans ses pérégrinations nocturnes, et nous y amène à l’envi. L’intrigue étant d’une certaine monotonie, le film s’étire beaucoup trop en longueur. Il aurait sans doute gagné en qualité en retirant une demie heure. Paul incarne le calme, le flegme et son personnage peut devenir lassant par moment. Cette lassitude est accentuée par la régularité de la vie qu’il mène, la plupart du temps c’est du pareil au même et seule la fin nous laisse entrevoir la promesse d’un changement.