La saison 1 de Chefs arrive à son terme et on attend déjà la seconde, non sans impatience. Six épisodes riches en rebondissement, un jeu d’acteur nuancé, racé et un scénario très bien ficelé. Tous les ingrédients étaient réunis pour que la recette soit particulièrement réussie.
Une série délicieusement sombre
Les comédies sur l’univers ô combien exploité de la gastronomie, on les a volontiers laissées à TF1. France 2 innove en proposant un drame autour duquel sont réunis des personnages au passé difficile et au présent parfois tout aussi sombre. Clovis Cornillac incarne un chef dont on ignore le prénom, et pour cause, tout le monde l’appelle « chef ». De l’apparence d’un ours au coeur tendre, il se bat pour sauver son restaurant à flot sans pour autant renier ses valeurs et ses engagements. A l’époque actuelle, ce genre de fidélité à ses principes ne court hélas pas les rues. Acculé par les dettes, il lui faudra du cran pour pouvoir continuer à exercer son art, en tenant tête à la nouvelle directrice de son établissement, Delphine, interprétée par Anne Charrier. L’autre protagoniste de cette fresque, c’est Romain, Hugo Becker, un commis que le chef prend sous son aile à sa sortie de prison. La vie et le passé de Romain sont à l’instar de la photographie, sombres.
Une intrigue savamment dosée
Efficace, le scénario de Chefs laisse place à la surprise. Riche en rebondissement, cette première saison ne compte que 6 épisodes, et pourtant, contient son lot de péripéties. Les auteurs, Arnaud Malherbe et Marion Festraëts, ont fait en sorte que le spectateur ne s’endorme jamais sur ses lauriers pour le surprendre à tout instant. Non seulement, ce genre de réalisation accroît l’intérêt du spectateur, mais en plus, il le rend complètement addict à la série, curieux de connaître la suite de l’intrigue. De plus, l’univers proposé est très réaliste, la série intègre d’ailleurs de vrais cuisiniers et Clovis Cornillac a fait ses gammes auprès de son ami, le chef Thierry Marx. En définitive, ce genre de série bouscule les codes du genre.
Des acteurs remarquables
Qu’il s’agisse de Clovis Cornillac, Anne Charrier, Hugo Becker ou encore Nicolas Gob, tous les comédiens sont justes et incarnés. Clovis Cornillac, le chef, incarne un personnage tout en nuances, à la fois fort, implacable et torturé. Il oscille en permanence entre force et fragilité. Hugo Becker, Romain, incarne un personnage faussement dur. Complètement perdu, il affichera néanmoins une belle détermination et progressera avec talent dans l’art culinaire. Ses blessures, son passé, font de lui un personnage auquel on ne peut que s’attacher. Enfin, Anne Charrier livre un jeu nuancé à travers un personnage qui au fond, ressemble beaucoup à celui de Clovis Cornillac. Sous une apparence froide et hostile, elle cache en réalité une personnalité franche et sincère, qui respecte ses idéaux et ses valeurs. Ses moments de fragilité la rendent si touchantes que la comédienne nous dévoile une large palette de son jeu, et prouve ainsi, l’étendue de son talent. Enfin, le personnage de Nicolas Gob se montre sous un jour plus rude, antipathique, ce qui donne du caractère à la série.
On espère que la Saison 2 ne nous soit pas servie trop froide…