Un rhéteur à Wall Street tu seras
Jordan Belfort incarne un orateur de génie. De la rhétorique à la finance, il n’y a qu’un pas : seule la force de persuasion compte. Non seulement Belfort l’a compris, aidé par un trader plus expérimenté-l’incroyable Matthew McConaughey, mais il va révolutionner le monde de la finance. En vendant des actions dont personne ne veut en promettant que les start up sont les nouvelles mines d’or de demain, Belfort a rapidement bâti un empire. La société de courtage Stratton est née.
Le loup de Wall Street incarne à la perfection le mythe très américain du self made man. Le film de Scorsese donne l’impression d’un accès fulgurant à la gloire et aux responsabilités. Belfort s’est naturellement imposé comme un leader, dont le talent incontestable légitimait sa place.
Esthète tu deviendras
Le magnat de la finance est marié depuis des années à celle qui fut son soutien des premières heures. S’il se tient longtemps à l’écart des plaisirs charnels, tout bascule lorsqu’il rencontre Naomi. Succube sublime, la créature de rêve aura raison de son premier mariage avec celle qu’il l’a toujours soutenu, mais qui ne fut jamais un objet de désir. En somme, on avait l’impression que Jordan s’était marié avec sa copine de lycée, véritable incohérence dans sa nouvelle vie d’esthète.
Une maison au faste incommensurable, un yacht au luxe démesuré, rien n’est trop beau pour Naomi. Rien n’est assez beau pour Wolfie (son surnom à Wall Stret).
D’excès tu vivras
Toujours gagner et posséder plus, tel est le credo de Jordan Belfort. Ne parvenant plus à se contenter des biens matériels, Wolfie se créée un autre monde, généré par des molécules psychotropes. Puisque la réalité ne lui suffit plus, pas même sa femme ni sa fille, il se perd dans des paradis artificiels et des plaisirs superficiels. Il n’y a plus assez de drogues pour satisfaire son besoin d’évasion, cette nécessité de perdre pied avec une réalité selon lui, insipide.
La jouissance est sa religion. Le sexe, une autre occasion de vivre plus fort. Sa société est régulièrement le théâtre d’orgies; l’ascenseur de verre fut célèbre pour une fellation pratiquée par une secrétaire sur un tarder; sous le bureau, aux toilettes, tout le monde s’envoyaient en l’air malgré les interdictions officielles-entre 8h et 19h.
Le sexe, la drogue et l’alcool n’ont jamais si banalisés à l’écran : logique, tel était le quotidien de Jordan Belfort. De l’aveu de Scorsese, il voulait « une impression d’obscénité ». C’est réussi.
Léo, le génie tu incarneras
Di Caprio montre toute l’étendue de son potentiel sous la direction de Martin S. Le génie d’Hollywood qui a déjà gagné ses galons d’acteurs nous livre une performance incroyable. Il passe de l’agneau qui gagne les faveurs des actionnaires au loup qu’on connaît, avec une facilité déconcertante, sans fausse note. Tour à tour puissant et fragilisé, il sait jouer les nuances psychologiques les plus subtiles. Beau, musclé, bronzé, Léo ravive nos souvenirs d’adolescentes. On éprouve du désir pour cet homme dangereux pour les autres, mais tout d’abord pour lui-même. Homo homini lupus est.
Scorsese, un chef d’oeuvre tu réaliseras
Martin Scorsese revient derrière la caméra avec une pièce de maître. Prouesse cinématographique, Le Loup de Wall Street se distingue par son rythme, ses rebondissements et le brio de son scénario. La bande originale nous fait vivre des instants de fulgurante, la jouissance à l’état pur. D’aucuns pourraient trouver les excès en trop grand nombre, mais tel est le personnage. Voir Le Loup de Wall Street c’est avant tout accepter l’immersion dans l’univers obscène de Belfort.
Avoir accès aux excès révèle que l’homme est (avant tout) un loup pour l’homme. Homo homini lupus est.